Chronique du jeudi 19 octobre 2017

 

MONTAGNES

 

L’actualité tutoie les sommets ces derniers temps. Avec le président de la République d’abord qui a troqué l’Olympe jupitérien pour les Alpes de Frison Roche et son emblématique roman Premier de cordée. Avec le Tour de France ensuite, dont les responsables ont réussi à dénicher, pour le tracé de l’épreuve 2018, un improbable col pyrénéen dont on se demande avec quel type de vélo les coureurs vont le gravir. Avec enfin, le processus de désignation de la ville hôte des Jeux Olympiques d’hiver de 2026 qui débute et pour lesquels déjà des villes prestigieuses ont renoncées à confirmer leur candidature.

 

Logique qu’après avoir baptisé son mouvement politique En Marche, Emmanuel Macron poursuive sur cette même thématique en mettant en évidence le rôle des « premiers de cordée ». Pas besoin d’un dessin : les initiales de son mouvement ce sont les siennes ; le « premier de cordée » c’est lui aussi. Quand le roman Premier de cordée de Roger Frison Roche parait, on était en 1941, le chef de l’État français s’appelait Philippe Pétain. Il avait « fait le don à la France de [sa] personne pour atténuer son malheur » ; dans ses discours, il se posait aussi en premier de cordée sans en employer le terme. Quant à Roger Frison Roche, il participera à la Résistance. De plus, Premier de cordée, le roman, inspirera plusieurs films, dès 1944 puis en 1998 : on n’est pas loin du mythe. Accessoirement on rappellera que l’intrigue du roman est centrée sur la lutte d’un aspirant guide de haute montagne contre le vertige. Vous avez dit vertige du pouvoir qu’il faudrait vaincre ?
Du premier de cordée au maillot jaune, il n’y a qu’un pas. Pour la 17e étape du Tour de France en juillet dernier, Emmanuel Macron suivait le peloton en Savoie. On ne sait en revanche s’il sera présent l’été prochain sur le Tour (dont le tracé a été révélé il y a quelques jours) pour l’étape du 26 juillet et l’ascension de ce col pyrénéen du Portet, jamais gravi par la grande boucle, et qui débouche, si l’on a bien compris, sur un cul de sac, les derniers kilomètres n’étant pas, aux dernières nouvelles, goudronnés : certains sites internet spécialisés de cyclisme suggèrent même d’utiliser un VTT pour le gravir. Après tout, les anciens ont fait bien plus difficile : René Pothier lors du Tour 1905, passait en tête du Ballon d’Alsace (premier col inscrit au programme du Tour de France) avec un vélo sans changement de vitesse ; pour freiner, il rétropédalait… Et avant que le dérailleur ne soit autorisé sur le Tour de France, en 1937, c’était la roue arrière avec deux pignons, un de chaque côté de la roue, qui était utilisée : quand le coureur arrivait au pied du col, il descendait de vélo, démontait la roue arrière pour l’inverser et bénéficier d’un développement plus favorable. Du développement technique au développement économique…
Montagne encore avec les Jeux Olympiques d’hiver de 2026. Le Comité international olympique devra désigner, en 2019, le site retenu, à Milan, et les modalités de sélection ont été présentées récemment. Avec la confirmation de la frilosité de villes et de territoires à s’engager dans une candidature après l’avoir envisagée. Ce phénomène de raréfaction de candidatures a déjà été mesuré pour les Jeux Olympiques d’été : en cause les dérapages financiers pour l’organisation de ces grandes messes sportives, ainsi que l’hostilité des populations des villes concernées. Déjà pour les Jeux olympiques d’hiver de 2022, il n’y a eu en définitive que deux candidatures, Pékin et Almaty (Kazakhstan). Pékin, retenue, avait déjà organisé, les Jeux Olympiques d’été, en 2008, un doublé constituant une première.
De quoi donner des idées à Paris ? Après tout, les atouts ne manquent pas à notre capitale, ne serait-ce que la butte Montmartre (130,5 mètres d’altitude) ou encore la Montagne Saint Geneviève (61 mètres d’altitude).

Denis Tardy

 

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