ALCHIMIE
Un peu à l’image des États-Unis et de leur élection présidentielle où le candidat élu n’était pas majoritaire en voix, mais pour d’autres raisons, notre nouvelle Assemblée nationale (que l’on établisse les pourcentages de voix obtenues par rapport aux électeurs inscrits ou par rapport aux électeurs qui se sont exprimés) défie la logique majoritaire.
La chambre des députés qui va sortir des urnes ce dimanche 18 juin ? Le mouvement qui a obtenu au premier tour pas tout à fait un tiers des votes exprimés devrait engranger les deux tiers des sièges ! Par rapport aux nombre d’électeurs inscrits, son score avoisine 14 %. On a déjà beaucoup glosé sur les « abstentionnistes premier parti de France », mais de plus le mode de scrutin majoritaire à deux tours une fois encore et peut-être de façon plus marquante cette fois ci confirme qu’il est source d’inégalités flagrantes.
Outre ces probables 370/390 sièges pour le mouvement la République en marche (soit les 2/3 des sièges alors que ses candidats n’ont pas tout à fait obtenus 30 % au premier tour), le mode de scrutin entraine que des partis ayant obtenus un nombre de voix comparables n’obtiendront pas un nombre de sièges comparables. Loin de là.
Premier exemple : le Modem de François Bayrou avec ses 932 000 voix au premier tour devrait pouvoir disposer d’une cinquantaine de sièges tandis que les écologistes (973 000 voix) risquent fort de n’en avoir aucun.
Deuxième exemple : la France insoumise (2 500 000 voix) devrait pouvoir compter sur 15 à 25 sièges tandis que le Front national (2 900 000 voix) pourrait bien compter sur les doigts des deux mains voire d’une seule, son nombre de députés.
Et l’on veut bien parier qu’avec ses 1 685 000 voix du premier tour, le parti socialiste fera jeu égal, en nombre de sièges, avec la France insoumise qui pourtant a obtenue pas loin d’un million de voix de plus.
On mesure bien l’intérêt de ce mode de scrutin pour dégager une majorité permettant de gouverner efficacement, mais, combiné à une abstention record, le remède ne risque-t-il pas pour le gouvernement, d’être pire que le mal ?
Parce que comme dans le grand oeuvre en alchimie (transformer le plomb, 14 % de vote, en or , une majorité à l’Assemblée nationale), c’est toujours risqué.
Comment a fini Nicolas Flamel ?
Denis Tardy