Chronique du jeudi 23 février 2017

 

HABITS

 

En Israël, au Liban, en Turquie surtout, l’habillement s’invite dans le débat politique et des décisions à ce sujet dépasse le cadre de simples postures. Qu’il s’agisse de la Knesset à Jérusalem, d’une visite au Grand mufti à Beyrouth ou de la tenue des soldates turques.

À la Knesset donc, mercredi dernier, l’interdiction faite aux personnels féminins de porter des jupes courtes a été réitérée… Sans que soit déterminé la longueur limite des dites jupes. Et bien entendu, T-shirts, débardeurs, shorts, sandales, habits de sport sont aussi prohibés au parlement israélien. Chez nous il y a quelques années, c’est à l’inverse l’interdiction du pantalon dans l’hémicycle de l’Assemblée qui avait fait des vagues.

Au Liban, c’est Marine Le Pen qui s’est fait un bon coup de « com » en refusant de manière théâtrale, de porter un voile pour rencontrer le Grand mufti mardi dernier.

Et puis surtout en Turquie, Erdogan vient de faire un nouveau pas, décisif, dans la délaïcisation du pays avec l’autorisation pour les femmes soldats de porter le voile islamique. Mustapha Kémal doit s’en retourner dans sa tombe et la démocratie turque en prend encore un coup.

En France aussi, l’habillement est à l’ordre du jour de la vie politique. Parce que avec le dévoilement de ce qui est par certains qualifié de scandales, des hommes et femmes politiques se retrouvent habillés pour l’hiver (qui s’achèvera le 20 mars) et qu’à l’issue de l’élection présidentielle qui s’annonce, il y aura obligatoirement des candidats qui prendront une veste, puisqu’un seul portera l’habit de lumière de président.

On aura remarqué aussi que le look vestimentaire des candidats participe de l’affirmation de leur image : les pantalons serrés de Macron à l’opposé de ceux, plus larges, de Fillon voire de Bayrou sont-ils un indicateur d’une guerre vestimentaire entre anciens et modernes ? Quant à Mélenchon, il n’est pas rare de le voir en veste type Mao. L’habit ne fait peut-être pas le moine, mais il semble bien qu’il y contribue.

À propos d’habit d’homme politique, on a une petite suggestion à faire aux leaders des formations écolos : pour se relancer, pourquoi ne se présenteraient-ils pas à une élection un peu particulière, celle de l’Académie française ? Pour porter, une fois élu, l’habit vert…

Denis Tardy

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