FABLES
Et si, pendant ses soirées solitaires à l’Élysée, notre président de la République, plutôt que de regarder un match de foot, feuilletait, pourquoi pas, les Fables de La Fontaine ? Histoire de se changer les idées. Comme malgré tout, le temps d’un président est compté, on s’est essayé à lui préparer une sélection bien propre à nourrir ses réflexions
Ainsi pourrait-il, notre président, méditer Le Lion devenu vieux (livre III-14). Bien sûr, on ne lui fera pas l’injure de le considérer âgé, mais en fin de règne, comme le Lion. Et lire que le Lion est alors « attaqué par ses propres sujets devenus forts par sa faiblesse » résonne de façon très contemporaine… Reste à identifier, au sein des candidats à la primaire de la gauche ou parmi les candidats de gauche pour la présidentielle hors primaire « le Cheval s’approchant [qui] lui donne un coup de pied ; Le Loup un coup de dent ; le Boeuf un coup de corne ». Et surtout lequel de tous les prétendants pourrait être « l’Âne même » qui lui aussi vient participer à la curée…
Pourtant ce n’est pas de cela que rêvait notre président élu en 2012, mais plutôt d’être Le Lion s’en allant en guerre (livre V-19) qui fort sagement pour partir combattre, refuse de se priver des « Lièvres, sujet à des terreurs paniques » ou des « Ânes, qui sont lourds » car « Le Monarque prudent et sage. De ses moindres sujets sait tirer quelques usages Et connaît les divers talents. » Rassembler, vous dis-je, des trotskistes aux sociaux-démocrates, des écolos aux radicaux.
Nul doute aussi que notre président trouverait matière à réflexion, en cette période où le nombre de candidats à son poste croît et se multiplie, dans Le Renard, le Singe et les Animaux (livre VI-6). Des animaux qui à la disparition de leur souverain, s’assemblent pour désigner le successeur. Et chacun d’essayer la couronne. La suite ? « Il se trouva que, sur tous essayée A pas un d’eux elle ne convenait : Plusieurs avaient la tête trop menue, Aucuns trop grosse, aucuns même cornue »… C’est le Singe qui en définitive recueille les suffrages et règne jusqu’à ce que le Renard par sa fourberie, obtienne qu’il soit démis de ses fonctions. Et tous les Animaux de convenir « Qu’à peu de gens convient le diadème »…
A méditer, pas seulement par le président, mais aussi par les aspirants présidents…
Denis Tardy